Bonjour Yannick, votre article m’a vraiment émue.
Je m’appelle Lucie, j’ai 20 ans , je suis en 3ème année de prépa littéraire. J’ai toujours eu un caractère assez anxieux (mes parents le sont aussi) mais mon anxiété a augmenté d’intensité et s’est généralisée depuis quelques mois je dirai.
Je me suis bien sûre mis énormément de pression pour tous les examens que j’avais tout le long de l’année tous les samedis de 4h à 6h (donc de gros devoirs) mais cette pression était sans doute exagérée (j’avais peur de ne pas retenir, de ne pas savoir expliquer, de ne pas dormir…) mais au final, je ne me rendais même pas compte qu’elle l’était. Il m’est arrivé 3 ou 4 fois de sortir de la salle d’examen en pleine crise de panique (pleurs incontrôlés, battements de coeur, sensation de vide dans ma tête) et bien que mes professeurs et mes camarades me rassuraient sur mes capacités, je n’arrivais pas à les croire.
L’anxiété a été pour moi cette année une véritable souffrance, une malédiction. Je suis dans un milieu où la confiance en soi a beaucoup d’importance, or avec les crises d’angoisses, la confiance diminue encore et encore. Mais le pire a été que l’angoisse a débordé sur tous les autres aspects de ma vie. Je ne suis plus capable de ressentir une joie sereinement. Par exemple, j’étais passionnée d’histoire et de littérature mais l’angoisse liée aux épreuves, à la performance m’en a complètement dégoûtée. Même inconsciement maintenant, j’ai un blocage par rapport à tout ce qui concerne ces matières (ce qui est problématique quand on envisage de poursuivre ces études dans ce domaine). J’aimerais tellement retrouver ma passion pour ces choses là car j’ai l’impression d’avoir tout perdu. Cette souffrance est d’autant plus grande que la plupart de mon entourage ne me comprend pas : on dit que je suis trop stressée, que j’exagère, on me dit parfois aussi que je suis faible et que je manque de volonté (et j’ai du mal d’ailleurs à les contredire). Je pense que je suis en partie responsable de ces angoisses car je me suis moi-même beaucoup mis la pression.
L’anxiété m’a aussi gâché la vie par rapport au sommeil :je n’arrivais plus à dormir et du coup, j’ai commencé les somnifères. Ca fait maintenant 2 ans et je suis complètement dépendante désormais. J’essaie d’arrêter mais l’envie d’en reprendre est trop forte. Ca ne soigne pas le problème et j’ai conscience que c’est du poison mais la sensation d’oubli que cette pillule procure est un véritable bien être !
Je me sens énormément coupable face à cette anxiété car je suis un fardeau pour la société, je dirais. Coupable aussi parce qu’elle m’a dévié du monde, des autres, qu’elle m’a renfermé sur moi mais que paradoxalement, elle m’a aussi éloignée de moi-même.
Le contexte familial est aussi à prendre en compte dans cette anxiété . Mon père est actuellement atteint d’un cancer a un stade assez grave et il est très affaibli. Il est actuellement hospitalisé à domicile ce qui est un poids pour les proches. Ca me fend le coeur de le voir comme ça, qui a l’air ailleurs et comme déconnecté au monde. Il n’arrive pas à manger, à marcher ni même à lire. Je vois aussi ma mère qui est à deux doigts de craquer mais qui fidèle à son habitude, continue de se sacrifier pour tout le monde. Et moi, je n’ai pas cette force, et je ne peux m’empêcher de craquer ce qui rajoute un fardeau. Je me préoccupe pour mon père bien sûr mais je me préoccupe aussi beaucoup pour ma situation personnelle. Je me demande quel est mon avenir, si j’ai choisi la bonne orientation, si je n’ai pas trop d’orgueil et que je me fixe des objectifs trop ambitieux. Je suis aussi , et pour finir, très soucieuse du regard des autres. Les autres ne sont pas dans ma tête et vue de l’extérieur, j’ai en effet vraiment l’air ridicule (étant donné que mes crises d’angoisses ou de larmes ont eu en public). On doit me voir comme une fille mal dans sa peau, extrêmement complexée et dépressive (ce qui n’est pas tout à fait faux). Mais comme je l’ai fit, malgré mon abscence totale de confiance en moi, j’ai de la fierté et j’ai du mal à accepter cette tare…
Excusez-moi pour le pavé, j’avais apparement beaucoup de choses à dire…
Ca fait longtemps que je songe à écrire mon ressenti mais jusqu’à présent je n’en ai ni eu le courage , ni l’occasion.
Je ne peux pas dire que je suis heureuse de voir que je ne suis pas seule dans ce cas car c’est une telle souffrance invisible que je ne la souhaite à personne mais j’ai l’impression que je pourrai trouver sur ce blog un peu de soutien et de compréhension…
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Par : Lucie
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